acdc

Publié le par anthony

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Au cours de ces dernières années, avec l’émergence du DVD et l’amélioration des techniques de remasterisation, on a vu fleurir un nombre incalculable de rééditions de concerts ou de déterrages d’archives lives. Après le très justement célébré double DVD Led Zeppelin, les archives de Deep Purple ou Pink Floyd c’est au tour d’AC/DC de bénéficier d’un coffret proposant des titres lives jusque là inédits allant de 1975 à 2003. AC/DC est un groupe inétressant à plus d’un titre. Notamment parce qu’il a émergé sur la scène international en même temps que le mouvement punk à une époque où le mot d’ordre était d’éliminer les dinosaures comme les Rolling Stones ou Led Zeppelin. Tous ces groupes de stades embourgeoisés… Il y a un gouffre musical entre AC/DC et le mouvement punk mais ils proposent une musique plus simple loin des expérimentations des stars de la fin des seventies. Là où il ne faut pas se tromper c’est que les punks ne savaient pas jouer de musique et s’en foutaient. Ils ont, avec l’aide des maisons de disques, instrumentalisé une révolte prolétarienne sur fond de crise économique pour en tirer des mots d’ordre qui sont restés sans suite. A l’inverse, AC/DC se fout de politique et de ce qui se passe autour de lui. Le groupe des frères Young se contente de proposer un rock’n'roll poussé à l’extrême fortement influencé par Chuck Berry et dynamité sur scène par leurs deux front men : Bon Scott et Angus Young. Angus Young. Veritable génie de la guitare âgé seulement de 15 ans
lors de la sortie du premier album du groupe. Dans AC/DC la musique c’est important. C’est même l’essentiel. Les paroles sur fond de filles, d’alcool, d’école buissonière ne sont là que pour apporter une touche décalée humoristique (un peu beauf diront certains). Toujours est-il que ce mélange sans prétention mais monstrueusement bien ficellé de décibels et de mots crus va agir comme un lavage de cerveau énergisant sur les foules. A cette époque de ras-le-bol général ce que propose AC/DC est rafraîchissant et le succès du groupe s’est alors construit, par la route, les concerts, sans le soutien de singles matraqués en radio. Il est donc intéressants de revoir les concerts et interviews de cette période pour mieux en appréhender le climat.

Que propose donc concrètement ce triple DVD live ? Le premier est consacré à la période Bon Scott - 1975/1979. Sur ce disque, à part les tous premiers morceaux datant de ‘75 et ‘76 dont la qualité laisse à désirer le reste est de la véritable dynamite. On prend une vraie gifle sur tous les titres suivants. On y voit un AC/DC au top de son énergie. Le groupe n’en est pas encore à sa période stades surdimensionnés et les concerts sont chauds, même l’improvisation à encore parfois sa place. Ces concerts et les interviews dans les bonus redonnent ses lettres de noblesse au grand Bon Scott à la voix crystaline presque exempte de tout souffle. Il apparaît comme un vrai leader sur scène. C’est l’adulte de l’histoire. Les autres et particulièrement Angus ont l’air si jeunes à côté. Il est temps qu’on se décide à nous rééditer le film Let There Be Rock filmé à Paris en 1979 en DVD. Si quelqu’un m’entend… ma VHS commence à fatiguer ! Ce DVD met aussi en lumière le Angus des débuts. Un véritable virtuose de la guitare. Je n’ai d’ailleurs jamais compris cette admiration sans bornes autour de Hendrix quand on voit ce qu’Angus Young ou Jimmy Page sortent de leurs instruments. Ce n’est que mon avis…

Le second DVD est, évidemment, consacré à la période Brian Johnson. C’est à priori un des grands plus de ce coffret. On va enfin pouvoir voir des lives datant des tournées Back In Black, For Those About To Rock ou Flick Of The Switch ! Ce n’est pas moins de onze titres enregistrés entre 1981 et 1983 qui sont proposés ici. Si le groupe est scéniquement à son apogée, Brian Johnson, lui, semble un cran en dessous. Il bouge certes, mais vocalement les prestations ne sont pas à la hauteur des albums. J’avais lu dans une interview il y a quelques années que BJ ne supportait pas sa façon de chanter de l’époque je commence à comprendre pourquoi. Néanmoins les morceaux sont bons et rien de grave n’est à signaler question prestation globale. Après 1983 on passe directement à 1991 ??? On sait bien que les albums du groupe datant de 1985 - Fly On THe Wall, 1986 - Who Made Who, et 1988 - Blow Up Your Video, ne sont pas les meilleurs mais des versions de concerts auraient peut-être pu redorer le blason de galettes dont le défaut principal vient d’un son moins énergique et d’un mixage de la voix en retrait. Dommage. Passons donc à 1991 avec 4 titres enregistrés à Moscou devant 1 millions de personnes ! L’occasion d’entendre Angus parler un peu de son ressentit quant au fait d’être en Russie à cette période clé (l’URSS cédant la place à la Communauté de Etats Indépendants le 21 décembre de cette année 91). On passe ensuite à la tournée Ballbreaker avec un titre filmé sur un plateau télé à Londres. Occasion rarissime de voir le groupe dans quelques mètres carrées loin des scènes de 30 mètres de large. Et jouant un vieux titre -Gone Shootin’- extrait de l’album Powerage (1978). A l’exception de cette chanson saisi en atmosphère intime, les morceaux enregistés à Moscou et ceux datants des tournées Ballbreaker et Stiff Upper Lip n’apportent rien de spécial par rapport aux DVDs déjà disponibles que sont les excellents Live At Donington et No Bull ou le très mou Stiff Upper Lip Live. AC/DC n’étant malheureusement pas du genre à changer sa set list, à improviser ou à revisiter ses titres, les versions proposées ici, bien qu’enregistrées dans différents stades, sont presque identiques. Re-dommage. J’aurais aimé pouvoir découvrir des versions lives de morceaux récents qui n’ont pas été entendus mille fois comme Big Gun, The Furor, Burnin’ Alive, Can’t Stop Rock’n'Roll ou All Screwed Up… tant pis. Les bonus de ce DVD propose la version de Gone Shootin’ enregsitrée pendant les répétitions de l’émission de TV et un titre en duo avec les Rolling Stones où les frères Young viennent soutenir Keith et Ronnie sur Rock Me Baby de BB King.

Le 3ème DVD reprend un peu toutes les périodes dont 10 titres extraits d’un concert enregistré à Houston en 1983. Ca n’apporte pas grand chose de plus par rapport au reste. Le coffret en lui-même est superbe et contient des reproductions de billets de concerts, d’affiches et de pass pour backstage (voir photo) correspondant aux concerts présentés dans les DVD. Au vu du contenu et du contenant ce DVD est tout de même un “must have”.

Nous sommes en 2007 et encore aujourd’hui AC/DC traîne cette réputation de groupe de hardos pour ados boutonneux écervellés alors qu’ils se présentent comme un groupe de rock’n'roll et non un groupe de hard-rock. Angus Young en interview, à la question “que pensez-vous d’Iron Maiden” avait répondu “Iron Madman ?”… Et l’homme en short d’expliquer ensuite qu’AC/DC n’est pas un groupe de hard-rock et que de toutes façons il n’écoute que du blues chez lui, qu’il soit joué à la guitare, au piano ou à la clarinette. Les amateurs de pirates en tout genre savent qu’il n’est pas dur de trouver des videos de Brian Johnson et Angus boeufant au piano sur un vieux standard etc… En 32 ans de carrière le groupe a même écrit une vingtaine de classiques et vendu des dizaines de millions d’albums le positionnant aux Etats-Unis juste derrière les intouchables Led Zep, Beatles et Elvis Presley et loin devant un Deep Purple dont Smoke On The Water semble être le seul étendard. Si il est vrai que les paroles un peu salaces (“let me put my love into you babe, let me cut your cake with my knife”) n’aide pas à sortir le groupe de cette image de gros beaufs, la musique, elle, est sublîme et les frères Young comptent parmi les songwriters les plus inspirés. Loin, très loin devant le soi-disant maître du riff mister Keith. Encore faut-il tendre l’oreille. C’est avec un groupe comme celui-là qu’on fait le tri entre les mélomanes et les snobinards.

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